Le phénomène El Niño, quel impact sur le climat mondial ?

Alors que l'on sait que 2022 a été la cinquième année la plus chaude au niveau mondial, les scientifiques se posent la question suivante : Faut-il s'attendre à une année 2023 placée sous l'influence du phénomène climatique El Niño ?

Par conséquent, comprenons pourquoi ce point est important en s'intéressant à l'influence de El Niño / Oscillation australe (ENSO) sur notre climat mondial.

En fait, El Niño est une perturbation océanique qui naît dans le Pacifique tropical. Il engendre des événements météorologiques inhabituels dans différentes parties du monde en raison de la hausse des températures du Pacifique (jusqu'à 3 degrés de plus par rapport à la normale).

El Niño se produit de manière cyclique, environ tous les 3 à 7 ans, lorsque les vents dominants changent de direction au-dessus de l'océan Pacifique poussant les courants chauds vers le continent sud-américain.

Généralement, cette perturbation de la température le long de la côte sud-américaine apparaît vers Noël, d'où son nom d'"Enfant-Jésus" ("el Niño" en espagnol). Cependant, cette année, cet événement pourrait se manifester de façon plus précoce.

En effet, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) a évalué en décembre dernier les probabilités d'un El Niño se manifestant d'août à octobre 2023 à 66 %. À la mi-janvier, cette probabilité a été revue à la baisse par l'International Research Institute for Climate and Society de la Colombia Climate School (entre 53 et 57 %, pour la même période).

Si la question se pose pour les scientifiques, c'est qu'il s'agit d'une prévision cruciale, car El Niño peut, dans certaines circonstances, générer de très fortes intempéries :

Pour rappel, les alizés sont des vents réguliers qui soufflent aux basses latitudes.

"En temps normal, les alizés soufflant depuis l'est ont tendance à confiner cet important volume d'eau chaude au voisinage de l'archipel indonésien. Mais, lors d'une année El Niño, le régime des alizés faiblit drastiquement allant même jusqu'à s’'nverser", nous explique le directeur de recherche CNRS au Laboratoire d'Océanographie et du Climat, Eric Guilyardi.

Cet évènement peut varier en intensité, mais lors des épisodes les plus sévères d'El Niño, certains territoires font face à de véritables catastrophes naturelles. Par conséquent, de nombreux pays ont besoin d'anticiper pour se prémunir (au mieux) !

En effet, des pluies diluviennes peuvent frapper les régions sud-américaines les plus occidentales tandis qu'à l'ouest du Pacifique, les précipitations se font rares et peuvent laisser place à des sécheresses dévastatrices. C'est le cas de l'Afrique orientale, l'Indonésie, de la Nouvelle-Calédonie, de l'Australie orientale, et de l'Inde par exemple.

Plusieurs régions sud-américaines peuvent alors subir des crues impressionnantes liées aux précipitations provoquant des glissements de terrain à l'origine de destructions majeures et même de pertes humaines.

Les écosystèmes marins sont par ailleurs très chamboulés, les poissons quittent alors les eaux côtières d'Amérique du Sud pour trouver des conditions plus favorables.

En effet, les eaux chaudes s'avèrent beaucoup plus pauvres en nutriments (ralentissement de la production primaire du phytoplancton), ce qui n'est pas sans incidence sur la biodiversité marine.

De plus, les activités humaines comme la pêche sont fortement perturbées mettant un secteur clé de l'économie en difficulté. Le réchauffement des eaux est également très nocif pour les récifs coralliens.

Aucune répercussion d'El Niño sur la France et l'Europe n'a été réellement identifiée jusque-là, "Cette zone subit d'autres influences plus fortes", précise l'expert.

Cependant, on peut mentionner des impacts économiques dans les pays pleinement touchés, et des conséquences sur le cours des matières premières alimentaires par exemple. Ce qui serait une difficulté supplémentaire dans ce contexte agricole déjà tendu, et d'inflation des denrées alimentaires en raison du conflit entre la Russie et l'Ukraine.

Le phénomène océanique majeur joue aussi un rôle dans l'activité cyclonique au-dessus des autres bassins océaniques. Ainsi, sur l'Atlantique la présence de El Niño est moins propice à l'activité cyclonique, mais favorise ces manifestations sur l'ensemble du Pacifique.

El Niño est un phénomène cyclique et naturel qui peut donc se manifester à différents niveaux. De fait, il peut être très marqué ou non. Et vous l'aurez deviné les conséquences sont très variées d'un El Niño à l'autre selon son intensité.

Si les prévisions de la présence du Niño cette année se précisent dans les prochains mois, ce réchauffement fera suite à un épisode prolongé de trois ans de la Niña qui est tout simplement le phénomène contraire. En effet, la Niña induit un refroidissement d'une partie des eaux de surface du Pacifique.