Vigilance météorologique
Vigilance crues nationale

Stations météo en direct 24/7 | Olivet & Orléans-la-SourceBellegardeFerrières-en-GâtinaisMontargisCourtenay

Du Loiret à la planète : toute la météo, expliquée.
Aller au contenu

Pourquoi les anticyclones d'automne-hiver ne garantissent-ils pas un ciel dégagé ?

Météo 45
Publié par Aline Timbert dans Météorologie · 30 Octobre 2024
Les mois d'automne et d'hiver sont souvent associés à des paysages brumeux, des journées grises et une atmosphère humide, surtout en présence d’anticyclones.

Contrairement aux idées reçues, les anticyclones, ou zones de haute pression, ne sont pas toujours synonymes de beau temps lumineux. En effet, en cette période de l'année, ces conditions favorisent plutôt la stagnation de l'air et la formation de brouillards et de nuages bas.

Dans cet article, Météo 45 explore en détail pourquoi ce phénomène se produit et pourquoi il est plus fréquent en automne et en hiver.

Qu’est-ce qu’un anticyclone ?
Un anticyclone est une zone de haute pression atmosphérique, définie par un mouvement de l’air descendant depuis les couches supérieures de l’atmosphère vers la surface. Dans un anticyclone, l’air converge en altitude et redescend ensuite en se réchauffant, créant une atmosphère stable.

En été, ce mouvement descendant tend à assécher l'air et à dissiper les nuages, créant un ciel dégagé. Cependant, en automne et en hiver, l’impact des anticyclones change radicalement en raison de plusieurs facteurs propres à la saison : les températures plus basses, l’humidité élevée, la longueur de la nuit, et le phénomène d'inversion thermique.

Exemple : En janvier 2020, une puissante zone anticyclonique s'est installée sur l’Europe de l’Ouest, couvrant la France d'une épaisse couche de brouillard et de nuages bas. Dans plusieurs grandes villes, ce phénomène a duré plusieurs jours, plongeant les habitants sous un ciel gris malgré la haute pression.

La stabilité de l’air dans les anticyclones d’automne et d’hiver
En automne et en hiver, l’air est naturellement plus froid, surtout près du sol pendant la nuit, créant des conditions propices à ce que l’on appelle l’inversion thermique. En période normale, la température diminue avec l’altitude, mais une inversion thermique est une situation où une couche d’air plus froid est piégée sous une couche d’air plus chaud.

Cette inversion, favorisée par la descente d’air anticyclonique, empêche l’air de se mélanger et crée une atmosphère extrêmement stable.

En conséquence, les polluants, la vapeur d'eau et les particules en suspension ne parviennent pas à se dissiper facilement et s’accumulent près du sol. Dans ces conditions, la condensation de la vapeur d'eau produit du brouillard ou des nuages bas, ce qui empêche les éclaircies et crée un environnement souvent gris et humide.

Comme le résume un météorologue de l’Organisation météorologique mondiale : "En hiver, les anticyclones peuvent facilement transformer des zones urbaines en des cuvettes de pollution, car l'air froid et humide est piégé sous une couche d'air plus chaud".

Brouillard et des nuages bas
La formation du brouillard et des nuages bas
Le brouillard, qui est en réalité un nuage au niveau du sol, se forme lorsque la vapeur d'eau se condense en fines gouttelettes. En automne et en hiver, les nuits sont plus longues, ce qui signifie que le sol et l’air se refroidissent davantage, favorisant la condensation.

Lorsqu'un anticyclone est présent, l’air stable empêche le mélange avec les couches d’air plus chaudes au-dessus, ce qui maintient une couche froide et humide près du sol. Cette humidité, piégée dans cette atmosphère stable, reste en suspension sous forme de brouillard ou de nuages bas, qui persistent souvent même durant la journée, créant ce voile gris qui caractérise tant l’automne et l’hiver.

Pourquoi la grisaille persiste-t-elle dans la journée ?
En été, le soleil est suffisamment haut et intense pour chauffer l’air et disperser rapidement le brouillard et les nuages bas. Mais en automne et en hiver, l’ensoleillement est réduit, et les rayons du soleil sont souvent trop bas pour réchauffer efficacement l’air froid au niveau du sol. De plus, les journées sont plus courtes et l’angle du soleil plus faible, ce qui limite encore sa capacité à dissiper la brume et les nuages bas. Cela explique pourquoi, en automne-hiver, la grisaille persiste souvent toute la journée, même en cas de haute pression atmosphérique.

Dans un contexte anticyclonique, ce brouillard peut persister tout au long de la journée en raison de l’humidité piégée. À Toulouse, en décembre 2021, une couche de brouillard dense est restée toute la journée, avec une visibilité réduite à quelques centaines de mètres, provoquant des perturbations dans les transports et ajoutant une atmosphère presque "fantomatique" à la ville.

Exemple : Dans la région de la Vallée du Rhône, une zone géographique particulièrement sujette aux inversions de température, les habitants vivent chaque hiver sous une grisaille presque permanente, alors que les sommets des montagnes environnantes bénéficient d'un ciel bleu dégagé.

Anticyclones d’hiver et pollution de l’air
Anticyclones d’hiver et pollution de l’air
Un autre effet souvent méconnu des anticyclones hivernaux est leur impact sur la qualité de l’air. En raison de la stabilité atmosphérique et de l'inversion thermique, les polluants issus du trafic, du chauffage urbain et des industries ne peuvent pas s'élever et se disperser. Ils se concentrent donc au niveau du sol, contribuant à une pollution de l’air qui peut atteindre des niveaux élevés, surtout en milieu urbain. Ces épisodes de pollution sont directement liés aux conditions anticycloniques et peuvent durer plusieurs jours, tant que l'anticyclone reste en place.

Selon Airparif, l’observatoire de la qualité de l'air en Île-de-France, "la fréquence et l’intensité des épisodes de pollution augmentent significativement lors de situations anticycloniques en hiver, avec une hausse des concentrations de particules fines et d'oxydes d'azote".

Jean-Marc Jancovici, expert en climatologie explique de son côté : "Les inversions thermiques en hiver rendent l’air comme emprisonné sous une couche supérieure. Cela piège l'humidité et les polluants, créant un climat localement brumeux et pollué".

Comment se dégager de cette grisaille ?
Pour échapper à cette grisaille, il suffit souvent de s’élever en altitude. En montagne, la couche d'inversion thermique est généralement située à quelques centaines de mètres d’altitude. Par beau temps anticyclonique, il est donc possible de se retrouver au-dessus de cette couche grise pour profiter d’un soleil éclatant et de cieux dégagés. Les massifs montagneux deviennent alors des refuges privilégiés pour les amateurs de randonnée, de photographie, ou simplement pour ceux qui recherchent un peu de lumière.

Exemple : Dans les Alpes, par exemple, le phénomène est fréquent. Lors des journées anticycloniques hivernales, les skieurs bénéficient souvent de magnifiques ciels bleus au-dessus des vallées plongées dans la brume. Ce contraste saisissant a même un nom en montagne : "le paradis au-dessus des nuages".

Les anticyclones d'automne et d'hiver, contrairement à leur effet estival, favorisent la formation de brouillard, de nuages bas et de pollution de l'air en raison de la combinaison de la stabilité de l'air, de l'inversion thermique et du manque d'ensoleillement. Ces journées grises et brumeuses sont un phénomène météorologique unique, qui rappelle l’influence subtile, mais profonde des hautes pressions atmosphériques sur notre climat quotidien. Et si la grisaille finit par peser, n’oubliez pas qu’il suffit parfois de monter un peu plus haut pour trouver le soleil et un ciel bleu éclatant.

Ces conditions sont une part fascinante de la météorologie saisonnière, qui fait d’un anticyclone hivernal bien plus qu’une simple zone de beau temps, révélant les subtilités climatiques qui rendent chaque saison unique.

Comme le résume une étude de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) : "En hiver, la position basse du soleil limite l’apport de chaleur et donc l’élimination des phénomènes de brume ou de nuages bas. Ces conditions peuvent persister plusieurs jours, favorisant la stagnation de l’air".


4.5 / 5
13 critiques
10
2
0
0
1
Insérez votre note :
Retourner au contenu