Les îlots de chaleur urbains, gare à la surchauffe citadine !

Qui n'a jamais fait l'expérience d'une sensation de surchauffe en milieu urbain lorsque le mercure grimpe ? En effet, l'été, lorsque les températures s'affolent, les citadins ont l'impression d'être prisonniers sous une cloche enfiévrée par rapport aux habitants qui vivent en zone rurale.

En fait, il ne s'agit pas d'un faux sentiment. C'est scientifiquement prouvé, au sein des grandes villes, le thermomètre affiche aisément plusieurs degrés en plus, et cet écart est facilement perceptible pendant des journées et surtout des nuits caniculaires !

On appelle ce phénomène, les îlots de chaleur urbains (ICU). Il s'explique, entre autres, par la forte concentration de bâtiments, la densité de population, la production de chaleur par les véhicules, les activités industrielles ou encore à l'imperméabilisation des surfaces.

Les matériaux de construction, comme le béton, captent et retiennent la chaleur tout au long de la journée. En effet, il faut savoir que les surfaces ont plus ou moins la capacité à réfléchir le rayonnement solaire, ce point s'appelle l’albédo.

Une surface blanche possède un albédo proche de 1 et une surface noire proche de 0. Le blanc est donc à privilégier. Un matériau à faible albédo absorbe plus d'énergie, et donc de chaleur ! L'asphalte ou le goudron ont ainsi un albédo moyen d'environ 0,05 à 0,10.

Puis, en nocturne, cette chaleur stockée est rejetée dans l'atmosphère. Ce constat ne permet pas le refroidissement de l'air comme c'est le cas en milieu rural une fois le soleil couché. Une désolation pour tous les citadins.

Impossible de trouver le sommeil tant la chaleur est engouffrée dans les maisons, appartements… Plusieurs nuits de cet acabit engendrent un épuisement physique, ce fut le cas pendant l'été 2022.

Ces températures peuvent bien sûr avoir des répercussions préjudiciables sur la santé des habitants, en particulier en augmentant le risque de coup de chaleur, de maladies respiratoires et cardiaques. C'est d'autant plus vrai pour des publics fragiles souffrant par exemple d'affections chroniques ou encore les personnes âgées et les jeunes enfants.

De plus, ces îlots de chaleur peuvent aussi engendrer une surconsommation énergétique avec le recours accru à la climatisation, ce qui n'est pas sans conséquence pour l'environnement.

Avec les canicules répétées qui frappent la France désormais, la prise de conscience est là. En effet,  il s'agit de mettre en place des stratégies efficaces pour limiter l’envolée des températures au cœur des centres urbains.

Ainsi, l'on sait que l'instauration d'espaces verts, la réduction de la densité de la population, la promotion de matériaux de construction réfléchissants, et la mise en place de toitures végétalisées sont autant de méthodes pour créer des espaces urbains plus sains, plus agréables, mais aussi plus durables.

Pour lutter au mieux contre les conséquences délétères de la hausse du mercure dans les grandes agglomérations, il faut notamment renforcer la plantation d'arbres et d'autres végétaux afin d’augmenter la couverture végétale. Cependant, le choix des espèces est déterminant (résistance à la chaleur, besoins réduits en eau…).

Parallèlement, il faut œuvrer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre et à l'utilisation de matériaux de construction réfléchissants (à isolation thermique) pour amoindrir l'absorption de la chaleur.

En matière d'urbanisme, la végétalisation possède également un intérêt climatique, sociétal et améliore bien sûr le cadre de vie. Aujourd'hui, le but des autorités est donc de créer des îlots de fraîcheur afin de s'adapter au changement climatique.

Durant l'été 2022, le gouvernement a fait part de sa volonté d'adopter "des mesures structurelles" pour que la France soit en mesure de s'adapter rapidement et efficacement aux conséquences du changement climatique :

"pour faire face aux vagues de chaleur comme celle que le pays s’apprête à vivre, il faut adapter nos villes : moins de goudron et plus d’arbres pour apporter de la fraîcheur et limiter les températures" (Source : Compte rendu du Conseil des ministres du mardi 14 juin 2022).

Ces moyens développés pour se prémunir des îlots de chaleur urbains s'appuient sur deux axes fondamentaux, à savoir la protection de la biodiversité (l'ensemble du monde du vivant), elle aussi impactée par ces températures et évidemment la préservation de la santé humaine.

Les vagues de chaleur sont à l'origine d'une surmortalité, elles constituent un risque majeur. En 2022, la canicule a, c'est un fait, engendré un excès de décès.

Ces chaleurs élevées devraient se multiplier et même s'accentuer dans la durée au cours des prochaines années. Par conséquent, l'adaptation et l'aménagement du territoire deviennent les maîtres-mots en matière de politique d'urbanisation.

Les îlots de chaleur sont des dangers que l'on doit combattre, et c'est la végétalisation, la réduction de la pollution et une meilleure utilisation énergétique qui doivent nous conduire sur la voie du mieux-vivre.

Ainsi, quand l'été arrivera en France Hexagonale, et qu'il sera accompagné de journées suffocantes pour ne pas dire torrides, la population sera mieux armée pour y faire face. D'ores et déjà, atteindre 40 degrés n'est plus l'apanage de contrées lointaines et exotiques !